Nous allons aborder les conséquences économiques du confinement sur nos vies et sur notre habitat en projetant nos perspectives d’avenir. 

Après la sidération qui a envahi notre planète et qui a obligé plus de la moitié de sa population à se confiner, nous constatons que nous n’avions jamais connu une telle crise, un tel événement sur une période aussi rapprochée, si courte.

Depuis que nous sommes rentrés dans l’ère tertiaire, après avoir connu une forte pollution avec l’ère industriel, nous faisons le constat qu’il fallait provoquer des bouleversements dans nos attitudes, dans nos modes de consommation, dans notre respect pour la planète. C’était l’ère de la mondialisation environnementale et écologique.

Or avec ce choc que nous venons de subir et la conscience qu’il a réveillée de manière très brutale, nous comprenons que nous ne sommes pas prêts à répondre de façon concertée et cohérente ! A présent nous savons que les esprits vont forcément s’ouvrir à de nouveaux modes opératoires et de nouvelles méthodes économiques organisationnelles, tant au plan mondial, qu’européen et national.

Un excellent article de Dominique Strauss-Kahn présente une analyse de l’économie mondiale et de ses perspectives d’avenir, dans son propos il suggère surtout un mode opératoire différent et solidaire, comme un bouleversement radical de nos attitudes ainsi que des responsabilités des gouvernants à travers toute la planète.

Une fois ce constat établi, comment pouvons-nous envisager l’avenir ? Qu’il soit économique et bien sûr pour ma partie immobilière ? Au vu de l’expérience que nous venons de subir, ainsi que des informations que nous avons pu collecter, sur notre capacité à être autonome, voire indépendant, quelle réflexion, quelle suggestion pouvons-nous envisager ?

En suivant constamment l’actualité, partant du postulat que nos soignants sont d’un très haut niveau, nous découvrons que nous sommes totalement dépendant de la Chine tant pour des médicaments, que pour des moyens de protection, que pour du matériel médical ! Que nous sommes dépendants des États Unis pour les nouvelles technologies et que nous semblons réagir tel le Bourgeois gentilhomme imbu de notre passé, n’ayant aucune projection ni stratégie sur l’avenir. Ce coup de fouet doit rebattre les cartes, surtout celles des certitudes et nous faire prendre conscience que la guerre ne viendra plus forcément sur le terrain et ses tranchés, qu’elle sera dorénavant « Virale » que ce soit d’un point de vue bactériologique, et/ou informatique.

Il est troublant de constater que nous sommes à la merci d’un petit masque de quelques centimes, produit que nous sommes incapables de fournir en urgence, car nous ne possédons plus les machines, ni la technologie, ni la formation, alors que cela représentait un savoir-faire de notre vieille Europe ! Nous avons préféré l’oisiveté intellectuelle à la pratique manuelle ! Pire, nous nous faisons des croques en jambes, puisque certains pays européens ont tenté de détourner des livraisons massives de masques au sein même de notre communauté ! L’Europe pourrait prendre exemple sur des stratégies de santé mieux anticipées, par exemple, l’hygiène à Hong Kong ou en Corée du Sud, leur a permis de ne pas confiner (ou faiblement), tout en ayant un niveau de mortalité assez bas. Il est troublant d’apprendre que la défense française dépend de Microsoft ! L’indépendance et la défense de l’Europe passera par une plus grande autonomie sur son alimentation, son écologie, sa santé ainsi que sur les technologies du web et de l’informatique. La course à l’arme nucléaire semble bien désuète, face aux dégâts que peuvent occasionner des épisodes comme celui que nous vivons actuellement. Quand je parle de dégâts, évidemment j’évoque les pertes humaines, mais aussi les effets psychologiques que cela va engendrer, puis la casse sociale, sociétale et économique qu’il va falloir redresser à l‘issue du dé-confinement. Il faut reprendre notre vie en main, préparer l’avenir et celui de nos enfants. Ceux que l’on appelait des Cassandre, semblent avoir vu assez juste sur nos obligations de réagir vite ! L’urgence est à notre porte, car ces évènements vont se répéter, en raison d’une circulation plus forte des personnes, des denrées et des matériels, mais aussi du fait que nous dénaturons nos capacités de consommation, en surconsommant, en important du bout du monde des produits saisonniers, des produits qui nous semblent primordiaux, alors qu’il existe d’autres solutions plus accessibles et souvent plus adaptées à nos modes de vie et à nos physiologies et nos régions. Les bactéries, les virus eux aussi mutent et s’adaptent, nous l’avons constaté au cours des campagnes de sensibilisation sur les antibiotiques « Les antibiotiques ce n’est pas automatique » l’automédication, la peur d’avoir un rhume et la surconsommation médicamenteuse ont fragilisé nos corps et notre immunité. Mais la nature est en constante réaction, il faut donc développer une politique communautaire plus orientée sur la défense de la santé et sur l’informatique et surtout le faire en toute cohérence entre les états membres.

Même si nous en avions conscience, l’Europe n’a aucun pouvoir, n’a aucune autonomie et est prise dans un étau entre les États-Unis et la Chine ! Depuis des années des grands économistes européens préconisent une solidarité et une communauté politique comme économique décisionnelle afin de pouvoir pallier tout type de situation qui nous mettrait dans la grande difficulté !

Or le Brexit nous avait déjà conduit sur la voie d’une incohérence européenne dans ses choix politiques et dans sa cohésion ! À travers les derniers articles d’économistes ou des analyses comme celle de Steve Jobs, nous savons que la résurgence de ce genre de situation est certaine et qu’elle risque de se démultiplier et de s’accélérer ! Il est donc urgent de prendre des décisions importantes sur nos volontés à rester autonome, à pouvoir répondre à des cas graves et des chocs aussi violents que celui que nous venons de subir !

Notre société va changer c’est obligatoire ! De la protection sociale, au financement des retraites, à notre consommation et notre autonomie, nutritive comme médicale la mondialisation ne doit plus être une priorité, la production, la fabrication, les cultures, nos matières premières doivent être le plus proches possible de nos pays et si possible se trouver dans l’espace Schengen ! Quitte à changer nos plaisirs, nos envies, nos besoins pour se concentrer sur ce que nous avons à disposition immédiate ! Nous pourrions connaitre un revirement de nos besoins primaires ou peut-être un développement de la « récup », au détriment d’une consommation parfois un peu futile.

Il en va de même pour la manière de travailler, qui pourrait valider un peu plus le développement du télétravail. Cette évolution du travail à domicile pourrait également entrainer des changements sur les besoins et les projets pour les logements individuels. Que ce soit pour disposer de pièces plus adaptées au travail depuis son logement ou encore pour anticiper d’éventuels confinements futurs.

En effet, l’expérience que nous sommes en train de partager, devrait occasionner des nouveaux besoins en matière d’habitat. Certains vont vouloir disposer d’une ouverture personnelle vers l’extérieur, comme un jardin, une terrasse. L’esprit campagne, quand nous constatons que 20% des parisiens sont partis se confiner sur leur lieu de vacances, que les voyages pourraient être moins aisés à réaliser, dans l’avenir, impliquant par conséquent une volonté de vivre dans un logement avec des espaces extérieurs.

Ces dernières années, nous constations qu’une frange de la population citadine, assez jeune (des grandes villes) souhaitaient vivre en hyper centre, en acceptant de réduire leur espace de logement, au profit des lieux de vie en commun, comme les restaurants, les bars, les théâtres, les clubs de sport ou les lieux de partage socio-culturel. La tendance va-t-elle perdurer à la sortie du confinement ? Car après un mois et demi, voire plus à devoir tourner dans son « petit » appartement, sans profiter de ces points de rencontres communautaires, la vision de son espace personnel peut donner l’envie de changer d’univers et de projet !

Réflexion qui devrait réduire l’attrait de certain pour le co-living (sorte de copropriété permettant de partager les espaces comme ; le salon, la cuisine avec par exemple un frigidaire pour quatre co-habitants, la buanderie avec une seule machine pour tous, etc… chacun disposant d’un seul espace privé servant de chambre et de salle d’eau).  Arrivera-t-on à se supporter durant toute une période de confinement avec des « co-habitants » que l’on n’a pas choisis ou cooptés ? Si l’on doit passer la majeure partie de son temps dans son espace personnel restreint, l’aventure peut en refroidir plus d’un !

Il en va de même sur la réflexion concernant les facilités liées aux connexions sur le web ! Les villes vont également devoir s’équiper de plus en plus de fibre, pour conserver ou attirer de nouveaux habitants. Là encore l’autonomie sur la 5G va devoir être maitrisée si l’on ne veut pas se retrouver dans une ambiance à la Georges Orwell.

Concernant les projets immobiliers, les vérités et les convictions antérieures au 17 mars, vont évoluer, changer, ou simplement se stopper, le temps de reprendre ses esprits et une vie normale, avec des perspectives plus rassurantes et plus motivantes. Vaste sujet, si je veux répondre aux différentes questions qui me sont posées sur ce sujet et son avenir. Il me paraît impossible d’affirmer quoique ce soit ! Les précédentes crises étaient plus lisibles et les conséquences assez prévisibles pour des analystes aguerris. Dans le contexte actuel, que nous partions de l’ambiance de la fake news, en passant par les commentaires de spécialistes et autres économistes avec leurs prédictions ou leur pessimisme, tout cela me semble assez présomptueux. Il faut rester raisonnable et réservé sur l’après confinement. Rien ne peut prouver que les marchés vont tous s’effondrer, que nous allions vers une récession ou une déflation similaire à une déflagration !  L’être humain est surprenant, son instinct de survie ou son besoin de reprendre sa vie en main est souvent un moteur impressionnant et irrationnel. Or la « Pierre », est fréquemment chez nous, une valeur rassurante et refuge, à l’inverse des valeurs boursières. Donc, un rebond couplé à une velléité de trouver un logement plus en adéquation avec de nouvelles aspirations, pourrait tout à fait nous surprendre et maintenir une activité forte en matière d’immobilier. Les jeunes actifs ayant plus l’habitude de rebondir, de changer d’activité professionnelle (cf. : une étude du CENSUS MIT. 2019 sur le monde du travail chez les jeunes adultes), il est envisageable qu’ils réagissent rapidement et trouvent de nouveaux axes de développement en créant rapidement une nouvelle ou une autre économie.

Lorsque nous envisageons une nouvelle économie ou un centrage sur nos pays ou notre espace Schengen, nous ne parlons pas là de populisme, ni de protectionnisme mais de besoin vital pour pouvoir réagir au plus vite et ne plus dépendre de la volonté d’autres économies ou d’autres systèmes marketing consuméristes, souhaitant nous assujettir, voire recréer une forme de colonisation. Nous parlons également de stock, de réserve et de fabrication de proximité pour pouvoir réagir plus vite, avec des délais de livraisons rapide !

Espérons qu’après la sidération du Coronavirus Covid 19 et ses conséquences, que l’électrochoc aura un effet réel et non similaire à celui d’Ébola ou du SRAS. Nous savons que nous avons tendance à repartir avec une forme d’insouciance ou d’inconscience, une fois la liberté retrouvée, faisant que vous évacuons d’un revers de manche le problème passé jusqu’au prochain. J’en veux pour preuve les évènements de 2015, puis les Gilets Jaunes, les grèves de 2019… « Tant que cela ne m’affecte pas lourdement, finalement cela reste un épiphénomène ! »

Nous devrons faire des efforts, nous allons devoir nous serrer la ceinture, consommer mieux (différemment) afin d’être plus cohérents, plus solidaires, plus actifs et proactifs, qu’attentistes ! Nos gouvernants sont une extension de notre réflexion, ils sont notre représentation, la communauté est un tout, qui doit choisir un chef, choisir un axe d’organisation de nos vies. En revanche, la communauté ne doit pas attendre tout d’un gouvernement au point de subir des obligations, elle doit aussi rester proactive et active, elle doit pendre sa vie en main et décider au quotidien ce dont elle a réellement besoin, tout en se faisant plaisir, mais pas toujours n’être que futilité et légèreté en attendant que l’on lui impose une manière de penser ou de devenir responsable.

Nous sommes impatients de sortir du confinement, mais pour quoi faire par la suite ? Nous attendons l’antidote et le vaccin qui écartera ce virus. Nous aimerions que le professeur Raoult soit la providence, nous faisons des pétitions, en affirmant (car comme pour le foot où nous sommes tous entraineurs, nous sommes devenus tous médecins…), même s’il dispose de références longues comme le bras de Teddy Riner, il n’en demeure pas moins qu’il faut encore une fois ne pas réagir comme des enfants gâtés, mais attendre que sa stratégie et d’autres garantissent aussi une sortie sereine et efficace, attention à ne pas déporter une problème sur d’autres nouvelles difficultés. Je rappelle, qu’il a fait partie de ceux qui n’y croyaient pas encore en janvier. A l’instar de Donald et de son homologue Boris, qui blaguaient sur le sujet, leurs expériences démontrent que le problème est grave et que la suffisance n’a rien résolu, il faut rester raisonnables, patients et responsables !

Nous avons accepté tous d’aller dans le mur depuis ces dernières décennies, à présent nous l’avons percuté, ce n’est pas la peine de chercher à déterminer à qui en reviennent les tords. Il faut agir vite, si l’on veut rester libre et ne pas avoir à vivre confiné régulièrement. C’est pourquoi, demain (à la sortie du confinement) nous même dans nos besoins et nos attitudes nous devons tirer une forte expérience de ce que nous venons de partager ensemble solidairement. Nos gouvernements avec également tous les membres de la communauté Européenne vont devoir porter le poids d’une prise de décisions fortes ainsi que la responsabilité d’une véritable action, avec une stratégie sur la santé et sur nos économies qui devra être renforcée ! Il sera nécessaire que nous acceptions de faire des efforts en arrêtant de préserver notre pré carré et nos mètres carrés. La solidarité passera par tous les niveaux et les échelles sociales.

Nous comptons sur vous et sur nous pour y arriver. Changeons nos mentalités, afin de réfléchir pour l’intérêt commun, plus que de manière égocentrique.

Claude-Olivier BONNET